FONDEMENTS THEORIQUES DU GEONOURRICISME: VERS UNE EPISTEMOLOGIE STRATEGIQUE DU VIVANT AFRICAIN
- Alphonse Mpeke
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Par Mayo Bibum Joseph, Assistant Chercheur - IEMAC-ICAWS Institut des Études du Monde Africain Contemporain IEMAC - Ce 21/08/2025
Résumé: Le Géonourricisme (Mayo Bibum Joseph, 2025) est une proposition théorique et stratégique née de la nécessité de refonder les systèmes alimentaires africains sur des bases épistémiques territoriales propres. Il articule les savoirs paysans, les récits du sol, les semences souveraines et les pratiques régénératives dans une architecture intellectuelle cohérente. Cet article expose les douze théories fondatrices du Géonourricisme, leurs philosophies, leurs ruptures épistémiques et leurs implications pour la Localstratégie (Mpèke Ntonga, 2025) en Afrique et au-delà.
Introduction : Pourquoi le Géonourricisme ?
Ce travail s'inscrit dans le cadre de l'amélioration de la Condition Existentielle des Africains et des Descendants Africains (CEADA) (Mpèke Ntonga, 2025) et de la Coafrwologie (Mpèke Ntonga, 2007-2025), la nouvelle science souveraine africaine. Il vise à analyser et à proposer une nouvelle approche qui dépasse les frontières du seul continent pour s'étendre aux Territoires Africains d'Outre-Océan (TAOO) (Mpèke Ntonga, 2025).
L'Afrique est confrontée à une triple crise profonde :
Une crise alimentaire, marquée par la dépendance aux importations et aux modèles agro-industriels qui déconnectent les peuples de leur alimentation.
Une crise épistémique, où les savoirs agricoles locaux sont disqualifiés au profit d'une agronomie occidentale, considérée comme la seule légitime.
Une crise territoriale, où les terres ancestrales sont transformées en simples marchandises, accaparées ou vidées de leur spiritualité.
Le géonourricisme naît comme une réponse à cette triple crise. Il propose une science du lien, une stratégie du vivant, une épistémologie enracinée dans le sol et les récits africains.
2. Les 13 Théories Fondatrices du Géonourricisme
Théorie | Signification |
Théorie de la souveraineté nourricière intégrale | Tout peuple souverain contrôle ses semences, ses bassins nourriciers, ses savoirs agraires et ses circuits alimentaires, comme fondement de son autonomie politique et culturelle. |
Théorie des bassins nourriciers stratégiques | Les territoires de production alimentaire sont des espaces de puissance localstratégique (Mpeke-Ntonga 2025), considérés comme des ressources vitales au même titre que les minerais ou l'énergie. |
Théorie des corridors géo-nourriciers | L'intégration continentale et intercontinentale s'opère par des infrastructures pensées pour relier les bassins de production, les peuples et les flux alimentaires, créant une résilience économique partagée. |
Théorie de l’héritage agraire endogène | Les techniques agricoles traditionnelles ne sont pas archaïques mais des savoirs adaptatifs, écologiques et porteurs d'une souveraineté qui a résisté aux ruptures coloniales. |
Théorie du pacte nourricier | Il existe un lien sacré et inaliénable entre la terre, les ancêtres et les communautés, un pacte qui définit l'identité collective et la responsabilité envers le vivant. |
Théorie du géonourriciste souverain | Le géonourriciste est un acteur politique, culturel et spirituel, l'architecte d’une souveraineté enracinée qui ne se limite pas à la production mais englobe la gouvernance. |
Théorie du sol-récit | Le sol n'est pas une simple matière mais un texte vivant, porteur des récits, des pactes et des mémoires agricoles des peuples. Le comprendre, c'est lire son histoire. |
Théorie de la mémoire nourricière territoriale | Chaque semence, chaque geste agricole, chaque chant de semis est une ligne d’un récit collectif, un fil conducteur qui relie les générations passées, présentes et futures. |
Théorie de la circularité nourricière | L'agriculture africaine est fondée sur des cycles d’interdépendance, une économie du soin vivant et une non-séparation entre l'humain et son environnement. |
Théorie de la défense nourricière | Les semences locales sont des actifs localstratégiques et leur protection contre l'appropriation est une forme de sécurité stratégique, essentielle à la survie des nations. |
Théorie de l’intelligence nourricière | Les savoirs agricoles africains ne sont pas des superstitions mais des formes d’intelligence stratégique qui optimisent les écosystèmes et renforcent les communautés. |
Théorie de la diplomatie nourricière | Les produits du terroir, les récits agricoles et les rites de fertilité sont des vecteurs de rayonnement culturel et politique, une "diplomatie du sol" qui promeut l'influence africaine dans le monde. |
Théorie de la Coafrwologie nourricière | Le géonourricisme est l'application concrète des principes de la Coafrwologie (Ordre, Justice, Restauration, Renaissance africaine) à la sphère alimentaire, faisant de la souveraineté nourricière un pilier fondamental de la Renaissance Africaine Globale (Mpeke-Ntonga 2025). |
3. Sources Philosophiques et Épistémiques
Le Géonourricisme s’inspire d'un héritage intellectuel riche et diversifié, se situant à la croisée de l'agroécologie, de la localstratégie, de l'anthropologie du sol et de l'épistémologie africaine :
Julius Nyerere (Ujamaa) : Pour l'idée que l'agriculture est la base de la dignité collective et du socialisme africain.
Amilcar Cabral : Pour le lien indissociable entre la culture, la terre et la lutte pour la libération.
Cheikh Anta Diop : Pour sa vision de l'unité entre la culture, l'économie et la souveraineté comme fondement d'une civilisation.
Paulo Freire : Pour la pédagogie de la terre et le concept de soin comme acte politique.
Vandana Shiva : Pour la reconnaissance des semences comme biens communs et mémoire vivante de l'humanité.
4. Ruptures Épistémiques
Le géonourricisme rompt résolument avec les paradigmes dominants qui ont causé la triple crise alimentaire, épistémique et territoriale de l'Afrique.
Il rompt avec :
L’agronomie extractive et linéaire : Il s'oppose à la logique de la monoculture et de l'épuisement des sols.
La séparation entre matière et esprit : Il récuse la vision de la terre comme simple ressource, déconnectée de la dimension spirituelle et culturelle.
La disqualification des savoirs paysans : Il rejette la suprématie des "sciences" agricoles occidentales au détriment des pratiques ancestrales.
La vision du paysan comme acteur marginal : Il le positionne au centre du pouvoir agraire et de la stratégie de souveraineté.
Il propose :
Une agriculture circulaire et régénérative qui restaure les écosystèmes.
Une reconnaissance des récits agricoles comme formes de savoirs légitimes.
Une diplomatie du sol et une gouvernance agraire enracinée.
5. Implications Localstratégiques
Le géonourricisme redéfinit la puissance et la sécurité pour l'Afrique en s'appuyant sur les principes de la Localstratégie, une science émergente développée par Mpèkè-Ntonga. La Localstratégie est une nouvelle approche qui se concentre sur la création de pouvoir et de résilience à partir des territoires, des communautés et des savoirs locaux, en opposition aux modèles géopolitiques classiques basés sur le pouvoir étatique centralisé. Il redéfinit :
Les corridors logistiques comme flux nourriciers (par exemple, un corridor Dakar-Douala-Kigali).
Les bassins nourriciers comme zones de puissance stratégique.
Les semences comme actifs géostratégiques à protéger.
Les terroirs comme territoires diplomatiques porteurs d'influence culturelle.
Il appelle à une architecture confédérale du vivant, incluant des structures concrètes pour la
Renaissance Africaine Globale :
Des Banques semencières panafricaines.
Des Chronothèques agricoles pour préserver la mémoire du vivant.
Des Fermes circulaires comme modèles de production régénérative.
Des Instituts du Géonourricisme pour former une nouvelle génération de leaders.
Un Statut du géonourriciste souverain pour reconnaître le rôle politique du paysan.
Conclusion : Penser avec la Terre, Gouverner par le Soin
Le géonourricisme est une invitation à penser autrement, une rupture paradigmatique. C'est un appel à gouverner comme on soigne, à nourrir comme on résiste. Il est une épistémologie stratégique du vivant capable de refonder les politiques, les savoirs et les territoires africains, en plaçant la Coafrwologie et l'amélioration de la condition des Africains au cœur de son projet.
Bibliographie:
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Joseph Bibum, M. (2025). Corridors nourriciers confédéraux : architecture stratégique du géonourricisme panafricain. IEMAC.
Joseph Bibum, M. (2025). Le géonourricisme : une doctrine alimentaire panafricaine de puissance et de souveraineté. IEMAC.
Joseph Bibum, M. (2025). Gouvernance nourricière décoloniale : reconfiguration stratégique du pouvoir agraire. IEMAC.
Joseph Bibum, M. (2025). La confédération des États de l’Afrique centrale (CEAC) : bâtir une puissance africaine souveraine au cœur du continent. IEMAC.
Joseph Bibum, M. (2025). Repenser l’intégration régionale en Afrique : les confédérations stratégiques. IEMAC.
Joseph Bibum, M. (2025). Le projet fondateur du géonourricisme : Matrice doctrinale et stratégie panafricaine. IEMAC.
Joseph. Bibum, M. (2025). Le Géonourricisme : une analyse sous le prisme de la CEADA. IEMAC.
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