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LES CAMEROUNAIS ONT DOMESTIQUE LA COLONISATION FRANCAISE: une analyse coafrwologique.




Institut des Études du Monde Africain Contemporain (IEMAC)

Londres, ce 11/03/2024

Introduction

La colonisation française, bien que formellement abolie au Cameroun en 1960, continue de se manifester sous des formes insidieuses. Toutefois, loin d'être de simples victimes passives, les Camerounais ont su "domestiquer" cette colonisation en en faisant un outil stratégique de survie, d’ascension sociale et de contestation politique. Cette appropriation paradoxale se manifeste notamment à travers les parcours éducatifs, l’immigration et la recherche de complicités extérieures dans la lutte pour le changement politique.

Cette analyse, inscrite dans le cadre de la coafrwologie – discipline dédiée à l’étude des dynamiques postcoloniales africaines dans une perspective de libération – examine comment la dépendance postcoloniale est utilisée par les Camerounais pour négocier leur place dans la société et, pour certains, préparer la rupture avec le régime en place.

I. La domestication de la colonisation par les études : s’élever dans le système colonial

L’éducation a été l’un des principaux instruments de la colonisation française au Cameroun, imposant une épistémologie eurocentrée et un rapport de domination culturelle. Cependant, les Camerounais ont retourné cet outil contre son propre dessein.

1. L'excellence académique comme arme

Depuis les années 1960, de nombreux Camerounais utilisent les universités françaises pour s’approprier les savoirs occidentaux et les réinvestir dans leur pays d'origine ou à l’international. Des figures comme Achille Mbembe ont émergé de ce système, critiquant la colonialité tout en bénéficiant de sa structure.

Cette logique se poursuit aujourd’hui avec des milliers d’étudiants camerounais intégrant des écoles prestigieuses en France, se servant de ce système éducatif comme un tremplin pour une reconnaissance mondiale.

2. L’infiltration des institutions françaises

Beaucoup d’intellectuels camerounais s'intègrent aux institutions académiques françaises pour influencer les récits sur l’Afrique et déconstruire l’hégémonie coloniale de l’intérieur.

Paradoxalement, cette position privilégiée permet aussi à certains d’accéder à des sphères de pouvoir et de reproduire les mêmes logiques néocoloniales qu’ils dénoncent.

II. L’immigration : entre survie et contestation politique

L’immigration camerounaise en France est une autre forme de domestication de la colonisation. Initialement un phénomène économique, elle est devenue une plateforme de revendication politique et identitaire.

1. La migration économique et le détournement des ressources coloniales

La France reste une destination prisée des Camerounais pour des raisons économiques, exploitant les opportunités offertes par la colonisation pour se constituer un capital financier.

Les transferts de fonds des diasporas vers le Cameroun représentent une part essentielle de l’économie nationale, soulignant comment l’immigration retourne le capital colonial en faveur de l’Afrique.

2. L'exil politique et la mobilisation des diasporas

De nombreux activistes et opposants au régime de Yaoundé ont trouvé refuge en France, utilisant les libertés démocratiques françaises pour organiser la contestation.

Des groupes comme la Brigade Anti-Sardinards (BAS) exploitent cet espace pour mener une guerre symbolique contre le régime de Paul Biya.

III. La collusion des dissidents camerounais avec la France : espoirs de coup d’État et contradictions

Certains Camerounais en exil, convaincus que le changement ne viendra pas de l’intérieur, cherchent à obtenir un soutien extérieur, notamment de la France, pour renverser le régime.

1. L’illusion du "sauvetage" par l’ancienne puissance coloniale

Certains leaders d’opposition en exil espèrent une intervention française contre le régime de Biya, oubliant que la France soutient historiquement les régimes africains qui servent ses intérêts.

L’appel à une ingérence étrangère reproduit une dépendance postcoloniale, contredisant les aspirations à une véritable souveraineté.

2. L’instrumentalisation de la crise politique par la France

La France, pragmatique, joue sur tous les tableaux : soutenant officiellement le régime tout en laissant une marge de manœuvre aux opposants.

Cette ambivalence révèle comment la France demeure une force omniprésente dans les dynamiques politiques camerounaises, malgré les apparences de souveraineté.

Conclusion : La domestication comme stratégie d’émancipation ?

Le peuple camerounais, loin d’être passif face à l’héritage colonial français, l’a domestiqué pour en faire un outil de survie, d’ascension et de contestation. Cependant, cette stratégie est ambivalente : elle permet à la fois une subversion du système colonial et une perpétuation de la dépendance.

La vraie libération du Cameroun passera non seulement par une rupture avec le néocolonialisme, mais aussi par une remise en question de l’illusion selon laquelle l’Occident pourrait être un allié dans cette lutte. La coafrwologie nous invite ainsi à penser une émancipation véritablement autonome, enracinée dans les dynamiques internes du peuple camerounais.

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